Centres régionaux
 

 Accueil  Que faisons-nous ?  Réalisations  L'équipe  Installateurs  Apprentis  Parrains  Revue de presse  Forum  Contactez-nous  Liens 
Information - Installations clef-en-main et do-it-yourself
Chantiers pédagogiques - Formation professionnelle - Dimensionnement

Ce forum à pour objectif de résoudre des questions qui n'ont pas été couvertes par les autres rubriques et les aides et infos déjà en ligne. Il ne s'agit pas d'une page de vulgarisation. Pour cela il y a Swissolar, le WWF, Greenpeace, la LSPN, l'ADER etc. De ce fait

1. Ce n'est pas une bourse d'échange ou un espace de commerce. De telles demandes seront retirées du forum.
2. Ce n'est pas non plus un bureau d'ingénieur gratuit découvert miraculeusement sur Internet. Nous ne répondons pas aux demandes personnelles. De telles demandes seront retirées du forum.
3. Nous vous prions de poser des questions à priori non couvertes par les rubriques et aides, souvent déjà en page d'acceuil, fournies au prix de nombreuses heures-hommes par le centre régional.
4. De même, veuillez parcourir le forum de manière à ne pas reposer des questions auxquelles il a déjà été répondu.
5. Pour ce faire, veuillez utiliser les OUTILS DE RECHERCHE du site et votre CERVEAU qui tous 2 sont à votre disposition.

D'avance merci. Service technique Sebasol Vaud.

Forum > Ajouter un nouveau message > Rechercher  

Répondre au message :

Bonjour, et bonne année 2019

Désolé pour le retard à la réponse, mais nous sommes surchargés comme d'habitude.

Vous n'êtes pas "à côté de la plaque" du point de vue théorique. Mais peut-être vous trompez vous de priorité.

D'abord, si c'est l'Armageddon qui nous tombe dessus, le problème sera tellement multidimensionnel que ce ne sont pas des solutions techniques qui vont nous sauver. De même que la dernière forêt préservée de l'Ile de Pâques a du attirer les convoitises de tous ceux qui n'en avaient plus et donc fut détruite de par son existence même, une BAD, FAD ou ZAD ("Base" ou "Ferme" ou "Zone" dite "autonome durable") sera détruite par ceux-là même qui n'en ont pas, et le nombre de fusil que vous pourrez aligner n'y changera rien. D'ailleurs c'est pour pouvoir piller la mouche de la zone préservée de Notre Dame des Landes que le pouvoir français a envoyé le canon de la gendarmerie. Parenthèse. Ceci dit sans faire l'hypothèse que 8 milliards d'être humains puissent avoir autant de m2 à disposition que les habitants de Notre Dame des Landes pour vivre, si on doit encore laisser de la place à de la nature. Mais ce n'est pas non plus en remplaçant cela par de l'agriculture intensive que le problème va être une seconde mieux résolu. Tout cela n'est pas tout simple, voir l'intervention qui suit sur pourquoi pas tout laisser tomber et griller du bois "pourvu qu'il soit à nous". Fin de la parenthèse

Donc l'objectif est d'abord de réfléchir dans le cadre d'un Armageddon pas total. Sinon il vaut mieux se suicider tout de suite. Ce qui n'est peut-être pas nécessairement une mauvaise idée, si l'échappement à la souffrance au détriment du partage de la condition humaine est le seul but dans la vie. Certains, plus instables, ou plus lucides, l'ont fait, le font, et le feront, mais seule l'histoire dira qu'ils ont eu raison. Et même s'ils auront eu raison le problème est alors qu'il y aura plus d'histoire pour le dire.

Il nous faut donc réfléchir dans le cadre d'un effondrement un peu comme ceux que Joseph Tainter décrit pour l'Empire Romain ou Maya. Quelles seraient les objectifs d'une telle réflexion ? Si j'élude le problème important de la paix sociale, du droit, de l'empathie minimale à sauver et donc de la guerre civile chère aux survivalistes - qui comme dans la tragédie grecque appellent les dieux à contribuer à leur malheur - à éviter, je les espère suivantes



1. La persistance d'une industrie low-tech régionale capable de faire des pièces détachées génériques de très longues durée de vie. Par exemple dans notre domaine des pièces à filasser en fonte ou des tube en cuivre ou en acier. Faire ces pièces demande de l'énergie évidemment, mais si elles sont à très longue durée de vie on a pas beaucoup à en faire pour remplacer/refondre les anciennes. On peut même voir cela en mode saisonnier, par exemple en utilisant l'énergie solaire surabondante en été pour le fondre, que ce soit via de l'électricité PV ou du thermique à concentration. Ou bien on dérive un petit peu de charbon ou un stock de bois excédentaire ou pris via une diminution temporaire de confort socialement acceptée et répartie, ou de l'agrogaz, ou de l'hydraulique qui servirait sinon à rien en août/septembre parce que les barrages sont pleins, ou du fil de l'eau devenu excédentaire à certaines heures par rapport aux besoins (s'il y a encore assez d'eau car là, thème peu abordé dans les médias, en termes de perspectives ça craint). Le point n'est pas technique : tout existe déjà, il est dans les ordres de grandeur de ce qu'on a besoin par rapport aux stocks et au taux de renouvellement.



2. La persistance de ressources à basse entropie récupérable sur les réalisations stupides ou criminelles ou inutiles ou shadok de la civilisation. Prenons deux exemples qui entrent dans la problématique des appareils qui vous préoccupent : le cuivre, et les aimants permanents. Leur production est un désastre environnemental et humain, non seulement pour l'énergie que ca demande, mais aussi pour les impacts (et notez qu'il y a du cuivre dans une installation solaire thermique). Bien sûr, dans le désastre actuel il faut raison garder : le cuivre et l'aimant dans un circulateur sont des désastres, mais pour l'instant sans commune mesure avec celui généré par un tartuffe qui se dédouane de partir 3x par an en avion pour ses vacances et de spéculer sur le bitcoin sous prétexte qu'il mange bio. Mais pour notre survie il faudra éliminer de telles pratiques et à ce moment restera la question du circulateur et de son cuivre et de son aimant.

Car pour les faire, il aura fallu produire de l'entropie, une fois celle-ci sortie comme d'une Boite de Pandore, on ne peut plus l'y remettre en prenant des ressources à l'intérieur du système sans en produire d'avantage que ce qu'on veut y remettre (c'est le premier et second principes de la thermodynamique qui le disent, et ici l'înstallation solaire thermique, en épargnant du fossile, permet à long terme d'épargner l'entropie qu'il faudrait produire pour produire le service qu'elle offre). Du pont de vue d'un cornucopien ou d'un politicien, c'est une tragédie. Parce que cela va contre la possibilité d'une croissance illimitée. Du point de vue d'une espèce intelligente ou de quelqu'un qui réfléchit, c'est une chance, car cela permet d'atteindre une taille adaptée et fonde la liberté humaine. Ce que les premiers ne voient évidemment pas, vu que pour eux la "liberté" c'est ne pas être contraints, quitte à pour cela ramper pour l'éternité pour ses "pièces détachées" et contraindre les autres (ce qui est obligatoire dans un monde ou les principes de la thermodynamique s'appliquent). Mais l'envers de la face de cette situation est qu'on a du cuivre métal et des aimants permanents, ici en Occident obtenus au prix du ravage du Sud.

Et que ces deux choses-là, si on fait attention, non seulement ont des durées de vie énormes, mais peuvent être recyclées en autre cuivre et aimants permanents au prix de la production de beaucoup moins d'entropie, pour faire des machines qui épargnent de la production d'entropie au service rendu, comme des installations solaires thermiques. Donc si on arrête de ravager l'environnement pour en faire toujours plus, on peut peut-être tourner sur le stock de ressources à basse entropie que sont dorénavant le cuivre métal et les aimants permanents qu'on possède, tout est à nouveau une question de durée de vie, et de ratio de renouvellement pport au stock.

Par exemple - cf https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A2ble_%C3%A9lectrique_%C3%A0_haute_tension, un ml de cable électrique HT c'est entre 2500 et 3000 mm2 de section. Ce qui fait entre 22 et 27 kgs de cuivre pur. Prenez un pays comme la Suisse ou la France, et essayez de trouver le nombre de ml de câble HT ou THT voire MT sur le territoire (attention : il peut facilement y avoir 8 à 24 câbles par pylône ! Un ml de ligne HT ou THT (voire MT) sur une carte c'est donc de loin pas un ml de câble) et déduisez le nombre de kgs de cuivre pur disponibles, une fois qu'on aura flingué le réseau HT ou THT voire MT devenu inutile pour cause de diminution drastique des besoins et donc des puissances nécessaires. Et ensuite essayez de calculer le nombre de ml de câble de 2.5mm2 on pourrait faire pour passer du courant DC de maison à maison, sur les fils domestiques, pour se partager en local les très faibles puissances électriques qui resteront nécessaires dans une société décroissante et low-tech. A coup de 2.5 kgs de cuivre pour la feuille sélective d'un absorbeur Sebasol actuel, calculez le nombre de m2 de capteurs thermiques qu'on pourrait faire et donc l'entropie qu'ils pourraient potentiellement épargner. Calculez la même chose si on réussissais à épargner 90% du cuivre de cette feuille sélective.

La réponse à ces questions est peut-être : bien au-delà de ce qu'il faut, ce qui veut dire alors qu'on pourra rendre du cuivre au Sud. Une autre manière de formuler la réponse est : si on est un mammifère de 10 kgs, il ne faut pas réfléchir en prenant comme hypothèse les besoins des dinos de 10 tonnes qui vivent à l'ère des dinos.

J'ai cité le cuivre et les aimants permanents car ils sont aussi en partie à la base de ce qu'on pourra conserver comme électronique et électrotechnique pour faire fonctionner des systèmes low-tech avec des tailles et consommations à côté desquels ceux qu'on utilise à présent, et qu'on nous présente comme le Nec Plus Ultra du Progrès, sont massivement surdimensionnés. ETque donc, comme tout ce qui est surdimensionné, ce sont que de gros Dinos qui bouffent des montagnes pour accoucher de souris. Sauf que les souris qu'ils chient restent quand même des monstres, et que donc nous impressionnent. De la même manière que, sans réaliser l'inefficacité et les ressources de tout ce qu'il y a derrière, qu'on est impressionné par l'accélération d'une bagnole électrique ou par la seconde de lumière d'une fusée de fête nationale.

Donc c'est terrible à dire, mais notre connerie même à avoir produit comme des malades des métaux purs au détriment de tout le reste peut nous donner dors et déjà les réserves nécessaires de ces mêmes métaux purs pour tenir des millénaires ensuite. Un peu comme si vous deviez faire 100 km et que vous courrez comme un dératé à 100 à l'heure pendant 90km et finissiez par musarder les 10 derniers km. Vitesse moyenne du tout équivalent à celle que vous auriez pu avoir à faire le tout au pas. Seule l'entropie produite, et la souffrance, n'est pas équivalente. Mais question souffrance, est aussi sans équivalent le soulagement qui vient sur les deniers 10 km. Un peu comme on est vraiment soulagé de plus avoir mal quand on arrête de se taper des coups de marteau sur la tête.

Il faut bien sûr travailler avec des matériaux homogènes, facile à recycler/refondre dans les mêmes. Pour cela le cuivre c'est mieux que les aimants permanents probablement. Et si on vient à manquer d'aimants permanents, on acceptera - bien obligés - la perte d'efficacité et on retournera aux circulateurs avec double bobinages en cuivre. Et on aura d'autant plus de raisons de soigner d'autres points que vous citez - et qu'on soigne déjà à Sebasol avec nos champs de capteurs parallélisés etc. - comme l'hydraulique pour éviter les pertes de charge, des distribution chauffage en thermosiphons assistés de temps en temps comme celle de Pierre Lavanchy http://www.sebasol.info/realisations.aspx?id=1079&r= etc.

De même pour l'électronique, quand on voit à présent le niveau d'inutilité de la puissance installée dans le moindre ordinateur, et qu'on se rappelle qu'on a envoyé des types dans la Lune avec celle d'un Commodore 64, j'ai pas peur - si on fait des "réserves de casse d'ordinateurs"- de pas avoir assez de transistors basiques pour faire du ET/OU/OU_BIEN/NON logique ou empiler quelques stacks de 8 bits pour faire tourner des installations low-tech pendant au moins 1000 ans. Et d'ici là on fabriquera des transistors pas autant miniaturisés (oh, que c'est ridicule diront les fantômes des dinos morts depuis dedans leur tombe), ce qu'on trouvera très bien vu qu'on aura plus besoins de puissance informatique pour se faire sauter le caisson à toute vitesse avec des calculs débiles genre datamining (pour citer le pire, mais il y a aussi l'onanisme en streaming sur internet etc.).

Et ils seront conçus pour être réparables et la quantité de métal qu'ils demanderont sera très faible. De nouveau donc, c'est une question de besoins, de stocks et de durée de vie vs ces besoins, et de nouveau faut pas penser cela comme les dinos qui nous gouvernent pensent qu'il faut penser. Ce qui nous amène à 3.



3. La persistance dans la population d'une culture scientifique et technique authentique. C'est ce qui me fait le plus peur actuellement, vu que pour l'effondrement c'est à présent plié au contraire des années 70 qui laissaient encore l'espoir d'une chance. Quand je vois l'écrasement continu du niveau de la jeunesse, les ravages des réseaux sociaux et des écrans, le new-âge qui ressort sous la forme du "développement personnel", les théories du complot, la haine à tous les étages de la même manière que se battent les rats dans les expériences de Laborit, la baisse continue du QI, l'augmentation tout aussi continue des allergies, des maladies psychiques, des délires égotistes, de l'inculture politique, fonction de l'entropie qui ne cesse d'augmenter dans notre environnement grâce au Saint Progrès.

Dans ce contexte où il faudrait ralentir, la fuite en avant via la prise en charge de plus en plus grande des gens par des machines productrice de plus d'entropie qui généreront donc plus de pertes de capacités nécessitant plus de prise en charge par plus de machines. Au point que nous ressemblerions presque aux "génies" hydrocéphales en chaises automatisées de la SF des années 50, sauf qu'îl n'est même plus besoins d'être hydrocéphale de nos jours pour ne plus pouvoir rien faire sans être assisté par un nombre incroyable de prothèses.

La civilisation décroissante et low-tech de l'avenir que j'espère que vous aurez quand je serai mort, ne sera PAS moins informée, elle ne sera pas non plus non faber. Elle se sera sorti de la haine de l'esprit qui caractérise actuellement la notre. Car nous SOMMES des faber, des manieurs et concepteurs d'outils. Sans cela, cela ferait longtemps qu'on se serait fait éteindre par des trucs à plus de dents et griffes, ou des convulsions climatiques. Une installation technique low-tech ne demande pas moins, mais PLUS d'intelligence de la part de ses usagers. Et ce faisant, ces usagers ENTRAINERONT leur intelligence, ce qui sera NECESSAIRE à cette civilisation, si on voudra l'appeler civilisation. L'intelligence, c'est comprendre la différence entre la Lune et le doigt qui la montre. C'est une affaire de culture et comme toute culture, ça s'use si on ne s'en sert pas. C'est pourtant cela que la civilisation actuelle et sa saloperie de Progrès nous fait : régresser sous prétexte "d'augmenter".

Et en cela, malgré toutes les souffrances qui vont en résulter, on peut peut-être d'une certaine manière, voir du positif dans l'effondrement qui vient. S'il vient assez vite mais de manière assez graduelle pour que nous puissions, comme le dit Georges Séféris, "retrouver ce que nous avons perdu".


Pour conclure

Les solutions et thèmes que vous soulevez ne sont pas sans intérêt et on s'en occupe, mais marginalement. Dans dans notre travail d'éducation populaire, ils ne sont pas prioritaires (je suis celui qui au sein de Sebasol, avec Pierre Lavanchy porte le plus ces thèmes, parce qu'ils constituent des exercices et qu'ils ouvrent des portes même si il n'est pas nécessaire de toutes les franchir. Mais pour cela je suis souvent critiqué à l'interne). Nous sommes déjà bien assez non mainstream, le Cours de la Reconquête est déjà bien assez incroyable, pour en rajouter au niveau du premier contact.

Nous devons en outre optimiser plus de critères que la résilience technique. En particulier l'encadrement des autoconsructeurs. Parce que sans autocontructeurs, il n'y a pas d'autocontruction. Ca nous intéresse pas de faire un site internet de geek "j'ai fais ca tout seul faites comme moi" comme on en voit encore. Les gens viennent chez nous parce qu'ils savent qu'ils y a cet encadrement.

Malgré cela, parmi eux, la plupart font déjà un gros effort pour autoconstruire en low-tech, alors qu'il suffirait de faire, comme le voisin qui sait rien faire ce qui fait qu'il n'a plus qu'à être sur de lui pour camoufler son statut d'handicapé total, appel au Saint Marché et ses esclaves chinois. Il faut quand même lutter contre l'angoisse de pas être capable, inculquée via le discours de l'expertise.

La réflexion "c'est pour les super-bricoleurs, moi je serai pas capable" est en effet une de celle qu'on doit démonter en premier. Et c'est pas peu dire que 1000 installations en autoconstruction derrière nous, faites par tellement de gens à des rythmes si divers, c'est un immense cadeau. Si on devait commencer à 0 à présent comme nous l'avons fait dans les années 90, avec tout le martelage idéologique à nous transformer en légumes, je sais pas si on aurait encore le courage.

La plupart des autoconstructeurs suivent donc les "solutions standard" et acquièrent une installation avec les compétences qui vont avec, sur la base d'un "certain niveau de confort" issu d'un compromis sur le niveau d'automatisation (mais hors le réseau et de ses chevaux de Troie et autres espioniciels, sauf nécessité scientifique, par exemple pour la prise de données dans le cadre d'un projet pilote). Un niveau qui permet aussi de ne pas aller au divorce avec leur conjoint par exemple.

Sur cette "population mainstream" d'autoconstructeurs qui ne l'est pas par rapport à la population globale, il y a des gens qui veulent aller plus loin, et qui se préoccupent de systèmes comme vous dites. Voir par exemple Anonyme 4 http://www.sebasol.info/realisations.aspx?id=1271&r= où il y aura bientôt de superbes résultats à lire. On les soutiens, on les laisse aller, souvent on finance leurs essais s'ils ont un sens et si ils sont pas trop loin de manière à pouvoir les suivre. Si vous voulez vous lancer dans un de ces trucs suite au Cours de la Reconquête, libre à vous.

Bien à vous.

Le Nain dans les Tuyaux


Copyright © 2024 Sebasol. All rights reserved.